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Par : C.S.B
Publié : 11 juin 2015

ESPACE

AIRBUS DEFENCE & SPACE (ex EADS) a présenté « ADELINE », un projet innovant de réutilisation des lanceurs spatiaux

Faire revenir sur Terre tout ou partie d’une fusée après son lancement, voilà une idée qui répond à des exigences à la fois économique et environnementale. Les ingénieurs d’AIRBUS DEFENCE & SPACE (ex EADS), avec le projet ADELINE, ont trouvé une solution ingénieuse et innovante.

ADELINE (ADvanced Expendable Launcher with INnovative engine Economy) est un concept de premier étage semi-réutilisable. Ainsi la partie basse du lanceur (la partie la plus chère), comprenant le moteur, la baie de propulsion et l’avionique peuvent revenir sur Terre après le lancement. Objectif 2025.

Un autre projet dans les cartons, permettrait ultérieurement (2030, 2035 ?) la réutilisation de l’étage supérieur par des remorqueurs spaciaux électriques, les Spaces Tugs.

Réutilisation de l’étage bas du lanceur

La présentation que les ingénieurs d’Airbus ont exposée vendredi 5 juin 2015 dans un simple hangar des Mureaux est celle d’un projet en gestation depuis cinq ans qui rendra des fusées réutilisables. Il a de fortes chances de rejoindre le programme Ariane en 2025. Toutefois la priorité reste le lancement d’Ariane 6 en 2020. Pour Hervé Gilibert, le chef d’un projet qui mobilise une trentaine d’experts, il s’agissait de « réutiliser en récupérant » les pièces importantes des fusées et surtout de « tirer une série de renseignements [des échecs] du la navette américaine (Shuttle) ».

C’est la partie la plus chère qui sera rapportée et réutilisée, un véritable « kit  » adaptable à plusieurs types de lanceurs, notamment à la famille Ariane 6.

Cette solution est différente de celles de la concurrence (Space X) car la récupération n’utilise pas de fusée mais un freinage aérodynamique pour un retour sur Terre par propulsion aéronautique. L’atterrissage est horizontal comme un avion sur une piste non-spécifique.

Le bas du premier étage de la fusée, où sont installés les moteurs, ressemble à une espèce de drone géant avec de courtes ailettes. Après avoir effectué sa mission, cette partie permet un retour et atterrit sur la base de lancement en vue d’une réutilisation ultérieure.

D’après Hervé Gilibert, directeur technique d’Airbus Space Systems, il semblerait que les moteurs de l’appareil puissent subir entre près d’une vingtaine de décollages. Et c’est ça le tour de force car « Avec ces innovations, on peut envisager une réduction de 30% des coûts d’exploitation des lanceurs  »

Réutilisation de l’étage supérieur

Aujourd’hui un satellite est envoyé dans l’Espace par un lanceur composé de plusieurs étages, l’étage supérieur propulse le satellite jusqu’à son orbite puis une fois sa mission accomplie, l’étage est placé sur une orbite cimetière ou est désorbité.

Demain l’étage supérieur pourra faire fait l’objet d’une solution de récupération très audacieuse : une sorte de remorqueur de l’espace tourne autour de la terre, une fusée lui amène le satellite avec en plus du carburant qui lui permettra de le lâcher sur son orbite de destination. Puis il «  reviendra  » à son « parking » programmé et attendra une prochaine mission. Futuriste mais réalisable et économique. Ainsi, l’étage supérieur servira les lanceurs successifs qui plus légers le ravitailleront en combustible et lui confieront un satellite à mettre en orbite.

ADELINE et les Spaces Tugs seront à terme deux concepts qui rendront les fusées plus légères donc moins coûteuses (moins de carburant, moins de distance) et n’ajouteront pas trop de complexité à l’ensemble du programme. D’autant plus que Le Tug peut également être utilisé pour mettre à jour, réparer ou ravitailler un satellite ce qui aura pour effet une durée de vie des satellites accrue. Le Tug peut également être utilisé pour repositionner un satellite lui donnant plus de flexibilité pour les opérateurs et en fin de vie, le Tug peut être utilisé pour une mission d’exploration lointaine ou détruit dans l’atmosphère (clean space).

Pour les invités cette visite a montré que dans un hangar banalisé peut se cacher pendant cinq ans une série d’innovations troublantes par leur simplicité, leur économie de moyens et l’utilisation intelligente d’une technologie existante.

Pour ceux que ça intéresse : une vidéo est à voir et une maquette du système sera présentée au salon international de l’aéronautique et de l’espace du Bourget, du 15 au 21 juin 2015.

Pourquoi dévoiler un tel projet maintenant ?

"Les équipes sont à valoriser" a-t-on fait savoir en coulisses. Certes, il est important d’exposer le travail accompli pendant des années avec tant d’acharnement. En voyant la technicité et l’innnovation à la base d’Adeline on ne peut que se joindre à la passionnante logique de ceux et celles qui ont sont à la genèse de ce projet. Mac 6, Shuttle, un retour à la Terre plus que dangereux... tout cela est le quotidien des experts du projet Adeline. Par conséquent, il était temps de montrer que l’innovation se conjugue non seulement aux Mureaux mais aussi dans les trois autres sites Airbus de ce conglomérat européen.

Plus prosaïquement, dévoiler Adeline a deux autres avantages. Airbus montre urbi et orbis que l’innovation n’a pas été négligée côté européen. En plus, les gouvernements Français, Allemand, Espagnol seront susceptibles de continuer à s’investir dans la course spatiale d’ici à 2025. Le salon de Bourget est justement l’endroit idoine pour expliquer le projet et remporter d’autres marchés dans ce secteur très convoité et concurrentiel.