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Publié : 14 octobre 2017

Infrastructures contestées

"On ne lâche pas le morceau !" ont prévenu les opposants à la déviation de la RD 154(Webtélé2R)

La manifestation des opposants à la déviation de la RD154 a brillé, le 14 octobre, par sa convivialité et détermination. En face, Philippe Tautou, maire de Verneuil-sur-Seine et président de la communauté urbaine Grand Paris Seine & Oise (GPSeO) ne désespère pas de pouvoir prendre sa voiture sur le bitume de la déviation -tant honnie par la population - en 2019.

Les association Bien vivre à Vernouillet et l’Adiv environnement sont rôdées à des manifestations car depuis quatorze ans que l’affaire de la déviation « honnie » envenime les rapports entre les élus locaux et les habitants déterminés à faire autrement. « Non, non à la déviation... on s’est battu pour la garder(1) et on se battrait pour la sauver ! » étaient les slogans utilisés par les porte-parole de la journée.

Des opposants combatifs après 14 ans de lutte

La déviation RD 154 pourrait éventrer la forêt de Verneuil et réduire, de fait, les zones agricoles. Ces projets d’infrastructures apporteront d’importantes nuisances pour les habitants de Chapet, Verneuil, Vernouillet, Triel, Carrières-sous-Poissy et Achères car il s’inscrit dans un projet routier qui liera la RD154 au futur Pont d’Achères (entre Carrières-sous-Poissy et Achères) : bruit, pollutions, déforestation etc. S’y ajoutent les problèmes dus à l’urbanisation programmée. Des projets qui reprennent le schéma classique connu, en privilégiant le tout routier au détriment de l’environnement. Une fois encore il est a déplorer le grand écart des décideurs : discours écologique, action inverse.

Sous un soleil magnifique, de la bonne humeur, des cloches et des tambours ont caractérisé cette mobilisation d’environ 200 personnes pour un trajet d’environ 1 kilomètre de chaque ville impactée par ce projet de déviation. L’Adiv environnement a donné rendez-vous à ces adhérents et sympathisants à proximité du Bois de Verneuil. Par la suite, la cohorte a emprunté quelques sentiers dans le Bois pour ensuite traverser les quartiers ouest de Verneuil et retrouver les manifestants venant de Vernouillet.
Côté Vernouillet, les manifestants sont partis du collège Emile-Zola pour ensuite suivre le marquage probable de cette déviation sur le terrain et voir l’emprise du projet et de sa proximité avec des habitations, un collège et une école. Dans une première prise de parole, Jean-Pierre Grenier, président de BVV, a ironisé les propos de Philippe Tautou : « Ces propos me font rire car selon le calendrier administratif et juridique(2) car rien n’est joué. » Les communes et le Conseil départemental sont en plein bataille juridique pour faire avancer le dossier de la déviation : recours de propriétaires devant les tribunaux, avis défavorable de l’État pour déclasser la zone agricole en infrastructure routière, résistance des propriétaires. Pour M. Grenier ce chantier ne pourrait commencer (si chantier il y a) qu’en 2021. Mais, d’ici là, « on ne lâchera pas le morceau » a-t-il prévenu ; Après le départ de M. Philippe Tautou... Victoire symbolique comme même !

Comme l’avaient dit en mars 2017, les opposants au sein de l’ADIV environnement, joints par ceux de BVV ont voulu faire de cette rassemblement -qui aurait dû se faire en juin - un rapport de forces. Les organisateurs l’avaient explicité : « Nous voulons... montrer que nous n’avons nullement baissé les bras dans notre combat contre la déviation et que nous inscrivons ce combat dans la continuité ». Il y a quarante ans, les habitants avaient campé dans le bois pour empêcher des travaux, dont le but était de construire un lotissement classique des années 1970. C’est en s’appuyant sur cette expérience que l’ADIV-Environnement a lancé cette nouvelle action «  contre la déviation » !

Diffuser davantage les arguments contre la déviation

Effectivement, des manifestants étaient en nombre pour un dimanche ensoleillé et la combativité était forte : « C’est une cause juste, avait lancé un Vernolitain, car il faut conserver les derniers lopins de terre au lieu de traiter un embouteillage insignifiant le matin et soir dans le centre ville de Verneuil-sur-Seine. » Christiane Paravi, président de la puissante COPRA 184 a corroboré avec l’argument massue qui consiste à faire du saucissonnage afin de nous "imposer une autoroute A104 bis".

Outre les présidents d’ADIV-Environnement et de Bien vivre à Vernouillet, les président-e-s de Non au Pont d’Achères, d’AVL3C, du COPRA 184, de Triel Environnement et de Villennes Initiatives et Expressions étaient solidaires de cette action.

Du côté des élus, Mme Ghislaine Senée, maire d’Evecquemont et conseillère régionale avait accompagné les manifestants tandis que la députée de la 7e circonscription, Mme Michèle de Vaucouleurs s’est excusée, mais elle était venue l’avant-veille pour constater sur le terrain l’impact du projet de déviation.

A la fin de la manifestation, Bernard Destombes, président de l’Adiv environnement a rappelé que les mensonges des élus : calendrier, dernière bretelle de la déviation pour « expulser les Gens du voyge ». Et M. Destombes a conclu par un appel à la continuité du combat : « Les justifications du projet tombent une par une... et il faut garder l’espoir que cette déviation ne se fera pas ! » La mobilisation du 14 octobre remet les pendules à l’heure : par la présence de 200 personnes déterminées à poursuivre le combat contre un projet coûteux (30 millions €) et anti-écologique. Il a également exhorté les opposants à expliquer partout les dangers de la déviation de la RD154 mais aussi les risques liés aux autres projets dans le département.

Post-scriptum

Notes

1. NDLR : dans les années 70 une fronde a eu lieu contre un projet d’urbanisation massive de la forêt de Verneuil-sur-Seine. Après un bras de fer et un contentieux juridique, la forêt avait été sauvée des griffes de la promotion immobilière. Cela dit, le promoteur avait été indemnisé par les tribunaux et la commune de Verneuil avait payé une amende très forte, qui s’était traduite par une pression fiscale forte.

2. Des contentieux existent notamment dans la procédure d’expropriation des terres pour l’usage de cette déviation.