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Publié : 5 décembre 2022

Asile politique

Le centre HUDA de la Croix-Rouge à Triel-sur-Seine fermera, définitivement, ses portes

Le couperet est tombé : le Centre d’hébergement d’urgence des demandeurs d’asile (HUDA) de la Croix-Rouge fermera ses portes le 16 décembre 2022. Selon nos informations, la plupart des réfugiés seront transférés dans des lieux disséminés dans le tissu urbain voisin. En outre, un mini-centre HUDA sera ouvert à Limay. Sept ans d’histoire locale se terminent ainsi.

Tout le milieu associatif des trois villes environnantes de Triel-sur-Seine attendait l’information afin de savoir si le centre HUDA, géré par la Croix-Rouge, serait fermé ou non à la fin l’année. Quant aux 140 résidents, ils restent très préoccupés par l’incertitude de leur avenir. Où peuvent-ils aller en hiver, alors qu’ils ont une procédure administrative en cours ? Certains vont, probablement, se retrouver dans la rue, en tant que SDF !

La maison Les Tilleuls, située dans le centre-ville de Triel-sur-Seine, était un EHPAD avant sa fermeture en 2015 pour des raisons étrangères à l’arrivée de ces réfugiés. Suite à une période d’incertitude, les autorités compétentes avaient décidé d’y héberger environ 80 « migrants » en recherche d’asile politique. Le 23 octobre 2015, des bus les y ont conduits. Réquisitionné comme lieu d’hébergement par le préfet de l’époque, Jean-François Caranco, cet établissement dispose d’environ 70 lits qui ont permis aux réfugiés, majoritairement du Soudan et de l’Afghanistan, de s’organiser pour demander le droit d’asile en France. 

Un premier bilan positif

Leur arrivée avait incité des « groupes connus par leur violence » à venir protester, en occupant illégalement des toits des bâtiments. Ces « identitaires » [1] avaient été délogés par des unités de CRS mais ils ont fait réagir des Triellois : tandis que ces individus qualifiaient l’arrivée des réfugiés d’invasion, d’autres citoyens ont pris le parti de les accueillir avec bienveillance dans le cadre d’un comité de soutien qui est devenu l’association « Le Comité des Tilleuls ».

Contrairement au maire actuel, celui de l’époque, Joël Mancel, avait déployé une bienveillance républicaine : dans un communiqué en date du 23 octobre 2015, après une volte-face classique, la municipalité avait indiqué que « Le maire s’est félicité qu’ils puissent retrouver des conditions d’hébergement décentes et compte sur le bon accueil de la population pendant cet hébergement temporaire. »

Les membres du Comité des Tilleuls ont organisé, à la Péniche de Triel, des séances d’aide aux papiers et des débats sur l’insertion de ces nouveaux arrivants ; certains ont même accueilli des réfugiés chez eux pour des échanges culinaires et culturels. Des liens inoubliables ont été tissés et perdurent à Triel : les réfugiés ont aidé à nettoyer les berges de Seine quand il le fallait ; ils ont aussi donné un coup de main pendant des événements sportifs et culturels, notamment la Foulée trielloise et la Fête du flan. La satisfaction de ceux qui les avaient accueillis et aidés se manifestait, particulièrement, lorsqu’ils les voyaient aller et venir par le train comme n’importe quel habitant de la commune.

En somme, le bilan est largement convenable, prouvant parfaitement que le tissu associatif triellois a su être solidaire et efficace, malgré les défauts des autorités compétentes.

Un cycle qui se termine

 L’absence de politique nationale en la matière est, justement, la raison de la prochaine fermeture du centre HUDA. Tout repose sur une “exploration” des idées et des actes. Comme nous sommes arrivés à la fin d’un cycle exploratoire, cette décision était inévitable car l’EHPAD de Sartrouville, propriétaire des lieux, la Croix-Rouge, gestionnaire de ce centre, et l’État n’ont pas su se mettre autour d’une table pour pérenniser cette expérience.

Désormais, certains des 120 à 130 réfugiés seront répartis dans des appartements à Verneuil-sur-Seine et à Vernouillet. La majorité du groupe sera installée dans un nouveau mini-centre HUDA, à Limay. Triel-sur-Seine a été une des étapes dans l’insertion de ces réfugiés. Il reste à faire un bilan plus approfondi de cette expérience sociale et solidaire.

Notes

[1Depuis 2002, ce mouvement connu comme « Génération identitaire » a fait preuve d’une violence à chaque médiatisation de ses actions. Il a été dissous en mars 2021.