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Par : Pollux
Publié : 8 septembre 2011

Tolérance

Le colloque de Poissy : une commémoration juste et nécessaire

Eeligion, société, pouvoir politique sont indissociables dans le temps et dans l’espace. D’une manière constante, ces trois dimensions doivent souvent trouver un écho dans le débat public afin de dissiper de possibles malentendus qui pourraient un jour devenir la source d’un conflit entre les différents segments de la société... française.
L’Histoire montre aussi la nécessité absolue du dialogue et de la tolérance : c’était la première tentative de concorde entre catholiques et protestants. Voici la commémoration du "colloque du Poissy 1561- 2011. Une leçon à retenir !

Dans le cadre de la commémoration des 450 ans du colloque du Poissy, la ville de Poissy proposera au musée du Jouet du 9 septembre au 1er juillet 2012, l’exposition "Le colloque du Poissy de 1561. Catholiques et protestants : dialogue et tolérance ?", et au théâtre les 10 et 11 septembre 2011, un colloque sur le même thème.

Deux actions d’envergure

La ville de Poissy a vu grand et a proposé deux actions d’envergure : une exposition et un colloque. D’abord examinons le colloque et son approche historique : le « Colloque de Poissy de 1561 ; catholiques et protestants, dialogue et tolérance ? », et interroger les rapports entre catholiques et protestants. Cette rencontre, qui représente la première tentative de dialogue interconfessionnel de l’histoire de France, permet-elle de faire émerger la notion de tolérance ? Pour l’historien Nicolas Le Roux, le colloque de Poissy débouche sur le premier acte de tolérance religieuse : le premier édit de tolérance de l’histoire de France, l’édit de Saint-Germain-en-Laye de janvier 1562. Mais, le colloque de Poissy marquait aussi, et surtout souligne-t-on, l’échec de la concorde religieuse. Ce constat d’échec avait malheureusement conduit la France à trente années de guerres de Religion jusqu’à l’édit de Nantes d’avril 1598.

Un colloque intitulé « Le Colloque de Poissy de 2011 ; au coeur de la laïcité, dialogue et tolérance », pour développer une approche culturelle et scientifique de ce dialogue intercommunautaire, mais dans le contexte politique et sociétal d’aujourd’hui : celui de la république laïque, dont la valeur « tolérance » représente une des composantes premières.

Pour l’exposition, les organisateurs ont choisi de faire appel à un grand spécialiste de l’histoire de la Réforme en France, Nicolas Le Roux, professeur d’histoire moderne à l’université Lumière-Lyon 2. Il propose un vrai regard contextualisé du Colloque de Poissy, ses enjeux, ses acteurs, ses conséquences – avant d’évoquer la longue quête de la liberté de conscience et de culte, et d’en donner les principaux repères.
Deux passionnées d’histoire locale, Bernadette Dieudonné et Agnès Guignard, ont également été sollicitées pour donner un témoignage sur ce que sont advenues, après trente années de guerres de Religion et trois siècles de répression religieuse, ces communautés catholique et protestante, dont elles sont elles-mêmes les représentantes éclairées.
L’exposition est l’occasion de mettre en valeur les collections du musée d’Art et d’Histoire de Poissy. Une partie de ces collections sera présentée durant l’exposition commémorative au sein du musée du Jouet situé dans l’ancienne porterie fortifiée de l’abbaye des dominicaines, face aux vestiges de la salle du réfectoire qui a accueilli, pendant les mois
de septembre et octobre 1561, les délégations protestante et catholique.

L’exposition et le colloque entendent apporter un éclairage sur une page d’histoire nationale qui s’est écrite à Poissy, et sur un chapitre d’histoire locale qui rejoint la recherche universelle d’un mieux-vivre ensemble, quelles qu’en soient les composantes confessionnelles.
La Ville de Poissy peut s’enorgueillir de ces racines encore trop méconnues, porteuses de valeurs de paix, de dialogue et de tolérance.

L’exposition

Une introduction rappelle le contexte politique et religieux de la première moitié du xvie siècle. Elle évoque les principes de la Réforme et de sa diffusion au travers des messages de Luther (1483-1546) et de Calvin (1509-1564). Deux bibles exceptionnelles ont été prêtées par la Bibliothèque nationale de France – une réédition de 1524 de la version allemande traduite d’après les textes grecs et hébreux par Luther en 1522 – et la première bible complète en français de 1553, reprise de la version d’Olivétan et préfacée par Jean Calvin. Cette dernière accompagne le traité doctrinal et pratique du chrétien de Jean Calvin. « Christianae religionis institutio, totam fere  », édition en latin de 1561 conservée au Musée Jean Calvin de Noyon – une des vingt-cinq éditions successives qui verront le jour.

Quelle réponse est alors apportée par l’Église catholique face à cette remise en cause tant dogmatique qu’institutionnelle ? Et comment s’exerce la répression menée par les autorités royales dès 1534 par François 1er, après la diffusion des « placards », puis par Henri II instituant un tribunal extraordinaire « la chambre ardente » ? De nombreuses reproductions des gravures de Frans Hogenberg du xvie siècle, d’après Jean Perrissin et Jacques Tortorel, en illustrent quelques faits marquants.

Une seconde partie s’intéresse au Colloque de Poissy à proprement parler. Le cadre est posé. François II, le premier fils d’Henri II décède le 5 décembre 1560. Le nouveau roi, Charles IX, est un enfant de dix ans. Il est secondé par sa mère Catherine de Médicis qui devient régente. Elle est très attachée à la tradition catholique, mais soucieuse de préserver la paix dans son royaume et l’autorité du roi. Elle est prête cependant à des concessions sur les questions jugées secondaires.

Elle signe le premier édit accordant la liberté de conscience, l’édit d’avril 1561, interdisant toute perquisition chez les particuliers pour des motifs religieux. À partir du 31 juillet 1561, une assemblée du clergé de France est ouverte à Poissy. Elle doit proposer des réponses aux « abus » affaiblissant l’Église gallicane, préparer au niveau national le concile universel de Trente et décider de l’effort financier à accorder à la monarchie. Catherine de Médicis se rallie au principe d’accueillir des ministres du culte protestant et de les laisser pour la première fois s’exprimer en public dans le royaume de France. Elle convoque le « Colloque de Poissy » en septembre 1561. À Paris, l’atmosphère est très tendue, entre les prédicateurs catholiques et les partisans de la réforme.

Une copie d’atelier de 1840 du remarquable tableau de Joseph-Nicolas Robert-Fleury « le Colloque de Poissy », issu des collections du musée d’Art et d’Histoire de Poissy invite à une plongée dans l’événement. Guidé par plusieurs groupes de silhouettes mettant en scène les différents protagonistes du Colloque, le visiteur est invité à découvrir une vingtaine de manuscrits et imprimés, empruntés à la Société d’histoire du protestantisme français. Ils témoignent des nombreux
débats qui ont opposé Théodore de Bèze, aux Cardinaux de Lorraine et de Tournon, aux docteurs en théologie Claude d’Espence et Claude de Sainctes, et au Supérieur général de la Compagnie de Jésus Diégo Laínez, en présence du roi Charles IX et sous la vigilance de la régente Catherine de Médicis et du chancelier de France, Michel de l’Hospital.

Deux comptes-rendus, prêtés par la Bibliothèque nationale de France, sont présentés :

• une copie du xviie siècle du procès-verbal officiel du colloque, écrit par les secrétaires d’offices «  Recüeil de ce qui s’est fait en la ville de Poissy, durant l’assemblée des prélats de l’église gallicane, sçavoir depuis le 26 juillet jusques au 14 octobre 1561, vulgairement appellé le Colloque de Poissy  »,
• et, au regard de cette approche catholique, un exemplaire du récit contemporain de 1561 fait par les Calvinistes « Ample discours des actes de Poissy. Contenant le commencement de l’assemblée, l’entrée & issue du colloque des prélats de France, & ministres de l’Evangile : l’ordre y gardé : ensemble la harangue du Roy Charles IX. Avec les sommaires, poincts des oraisons de Monsieur le Chancelier, Théodore de Beze, & du Cardinal de Lorraine... ».

Un regard poétique et satirique clôt la présentation des débats, avec notamment la chanson grivoise élaborée par Pierre de Ronsard et Jean-Antoine de Baïf, poètes catholiques, sur le Colloque de Poissy et dont le texte est évoqué dans le recueil fait par Rasse des Noeux, un des chirurgiens du roi, protestant.

Enfin une troisième partie tire les conséquences à long terme du Colloque de Poissy. Elle retrace les principales étapes qui ont émaillé le long chemin qui s’est dessiné en France, pour la reconnaissance de la liberté religieuse et vers la laïcité, du xviie au xxe siècle. Ce cheminement se révèlera bien chaotique, mais réel, si l’on jette aujourd’hui un regard sur le développement parallèle et convivial des communautés catholiques et protestantes, en prenant un exemple, au hasard, celui du territoire de Poissy.

Tout au long de l’exposition, nombreuses sont les oeuvres provenant des collections du musée d’Art et d’Histoire de Poissy, du Cercle d’études historiques et archéologiques de Poissy, du Presbytère protestant de Poissy, de la Paroisse Notre-Dame de Poissy, ainsi que de collections particulières.

Sont à retenir tout particulièrement

• Portraits des peintres protestants réunis autour d’Ernest Meissonier (1815 – 1891) – peintre de religion catholique, marié à une femme de confession luthérienne – : Gustave Méquillet, Daniel Ridgway- Knight, Charles Meissonier, Maurice Courant, Georges Brétegnier et Lucien Gros. Les oeuvres de ce dernier ont été fortement inspirées par l’histoire du protestantisme :

- Esquisses de l’Entrée triomphale du prince Maurice de Nassau (fils de Guillaume de Nassau) à Rotterdam, Lucien Gros (1845-1913). Coll. Musée d’Art et d’Histoire, Ville de Poissy et Coll. particulière.
- Etude pour Gaspard de Coligny, Lucien Gros (1845-1913), huile sur toile - Coll. particulière

• Procession de communiantes le jour de la Fête-dieu de 1932 : elles sont suivies des “Enfants de Marie” avec leur bannière et de quelques soeurs de Saint-Paul-de-Chartres, carte postale. Coll. musée d’Art et d’Histoire, Ville de Poissy.

• Le suisse Albert Tuboeuf (1933-1951) en grand uniforme, tenant canne et hallebarde, et le dernier bedeau Yves Quéré (1953-1963) avec la chaîne d’argent, insigne de sa fonction. Coll. Cercle d’études historiques et archéologiques de Poissy.

Cet événement bénéficie du soutien du Ministère de la culture et de la communication (DRAC-Ile-de-France, et Missions des célébrations nationales).

Informations pratiques

Exposition

Musée du Jouet
1 enclos de l’Abayye - 78300 Poissy
Tél 01 39 65 06 06
Ouvert tous les jours sauf lundi
Fêtes et jours féries
de 9 h 30 à 12 h et de 14 h à 17 h 30
Entrée : 4€
tarif réduit : 3 €
Gratuit le 1er dimanche de chaque mois

www.ville-poissy.fr

musees@ville-poissy.fr

Colloque de Poissy de 2011
Théâtre de Poissy
Hôtel de ville
Place de la République
78303 Poissy
01 39 65 06 06
Horaires 9 heures à 18 h 30
Inscriptions : 10€/jour
Tarif réduit : 5€/jour

www.ville-poissy.fr

musees@ville-poissy.fr