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Publié : 10 octobre 2011

Consultation populaire

Une rude leçon de démocratie.

Après les débats, le vote. Les primaires citoyennes, ouvertes par le Parti Socialiste, ont remporté, malgré des doutes et des incertitudes qui ont précédé la journée du 9 septembre 2011, un franc succès auprès du peuple de gauche. Un résultat qui, sur fond d’anti-sarkosisme latent, était prévisible. Pourquoi ?

Las de percevoir certains élus politiques comme des responsables n’acceptant de rendre des comptes aux citoyens qu’ils représentent, qu’aux moments des campagnes électorales, beaucoup de gens qui se sentent concernés, ont des idées et veulent être écoutés. Ils ont réagi. Indignations plus ou moins spontanées ici, manifestations plus ou moins contrôlées là-bas, en France, pas de violence. Une leçon de calme et de réflexion a émergé dans ce bouillonnement de mouvements populaires et cette consultation est arrivée au bon moment.

Pour les électeurs de gauche, et peut-être au-delà, l’occasion était trop belle de s’exprimer, de faire entendre leur volonté de changement. Les autres, dont les idées penchent ailleurs, ils devront attendre… le succès amène l’imitation, à moins que certains aient peur du résultat et reculent l’échéance le plus loin possible (2017 ?).

Sauf exceptions, le citoyen moyen reconnaît la légitimité, y compris décisionnelle, des élus qui le représentent dans les instances constituées, même s’il n’a pas voté pour lui. Démocratie oblige. Il est l’élu de tout le monde, sans esprit partisan… théoriquement.

Est-on en face d’un changement de la façon de faire de la politique ? Il est trop tôt pour l’affirmer définitivement, attendons la suite. Les étapes décisives seront l’élection présidentielle puis celle des députés. Le Sénat, c’est fait. Le futur candidat ne sera pas désigné mais élu, ce qui lui donnera un atout unique : un début de légitimité populaire. Il aura marqué un essai qu’il faudra transformer.

En attendant ces échéances, il faut que tous les élus en place sachent, tous bords confondus, que les Français ont montré qu’ils avaient des choses à dire et qu’ils voulaient être entendus à tous les stades de la prise de décision. Qu’il faut remiser au placard les concertations bidons et autres commissions consultatives dont les conclusions sont « relooquées » si elles contestent les questions posées. Ils ne veulent plus que des choix décisifs soient pris contre leur volonté.

Tout semble clair : la France est entrée, grâce au succès de l’initiative socialiste, dans un processus d’évolution vraiment démocratique qui, sans aller jusqu’à la pratique d’une démocratie directe (voir la Suisse), engage l’ensemble de la classe politique à une sérieuse remise en question de ses pratiques actuelles. Localement cela se traduira (ou ne se traduira pas) par une meilleure écoute des habitants, nationalement cela passera peut-être par une réforme de la Constitution et non son remplacement, car elle a montré une telle souplesse d’adaptation aux circonstances qu’après plus de cinquante ans d’usage elle peut résister et amener les changements que les citoyens réclament.
Il y aura un "avant" et un "après" cette consultation dont il faudra, qu’on le veuille ou non, non pas minimiser les effets mais tirer des leçons.